MADAGASCAR (Catégorie 2 – liste de surveillance)
Le gouvernement de Madagascar ne se conforme pas entièrement aux normes minimales pour l’élimination de la traite, mais il déploie des efforts considérables pour y parvenir. Ces efforts comprennent l’identification et la fourniture de services à un plus grand nombre de victimes, le lancement d’un PAN actualisé pour lutter contre la traite, des efforts pour réduire la demande de tourisme sexuel impliquant des enfants, un soutien aux travailleurs migrants Malagasy de retour au pays, y compris les victimes de la traite, et un partenariat avec une organisation internationale pour effectuer une visite de contrôle afin d’observer les conditions de vie des travailleurs migrants Malagasy en Jordanie. Toutefois, le gouvernement n’a pas fait preuve d’efforts accrus par rapport à la période précédente, même en tenant compte de l’impact éventuel de la pandémie de COVID-19 sur sa capacité à lutter contre la traite des êtres humains. Le gouvernement a enquêté sur moins de cas de traite et n’a pas déclaré avoir poursuivi ou condamné de présumés auteurs de la traite pour la deuxième année consécutive. Malgré les inquiétudes persistantes concernant la complicité des fonctionnaires dans les crimes de traite, le gouvernement n’a pas demandé de comptes aux fonctionnaires complices ni enquêté sur les rapports de fonctionnaires facilitant la traite d’enfants à des fins sexuelles dans le pays ou la traite des travailleurs Malagasy à l’étranger. Pour la troisième année consécutive, le gouvernement n’a pas déboursé les fonds alloués au Bureau National de Lutte contre la Traite des Etres Humains (BNLTEH), ce qui a entravé les progrès et la coordination à l’échelle nationale. Dans l’ensemble, les efforts déployés pour enquêter et poursuivre les crimes de traite interne, notamment la servitude domestique, la mendicité forcée et la traite d’enfants à des fins sexuelles, sont restés insuffisants par rapport à l’ampleur du problème, et les fonctionnaires ont continué à faire fréquemment l’amalgame entre la traite des êtres humains et d’autres crimes, notamment la violence basée sur le genre et l’exploitation sexuelle. Par conséquent, Madagascar est restée sur la liste de surveillance de la Catégorie 2 pour la deuxième année consécutive.
RECOMMANDATIONS PRIORITAIRES :
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- Intensifier les efforts d’enquête et de poursuite des crimes de traite des êtres humains, y compris des fonctionnaires complices et les auteurs de crimes de traite interne, et chercher à obtenir des sanctions adéquates pour les auteurs de traite reconnus coupables, ce qui devrait impliquer des peines d’emprisonnement significatives.
- Identifier systématiquement et de manière proactive les victimes de traite en recherchant les indicateurs parmi les populations vulnérables, notamment les enfants travailleurs, les femmes exploitées dans le commerce du sexe, les travailleurs migrants Malagasy de retour au pays et les ressortissants de la République Populaire de Chine (RPC) employés sur des chantiers affiliés à l’initiative « Belt and Road » de la RPC.
- Orienter toutes les victimes de traite identifiées vers les services de protection appropriés, y compris les victimes de traite interne, comme la servitude domestique, la mendicité forcée et la traite d’enfants à des fins sexuelles, ainsi que les travailleurs migrants et les travailleurs étrangers ressortissants de la RPC.
- Modifier la loi de 2014 sur la lutte contre la traite des êtres humains afin de garantir que les peines prévues pour la traite sexuelle des adultes soient proportionnelles à celles prévues pour d’autres crimes graves, tels que le viol et/ou l’enlèvement.
- Décaisser les fonds alloués aux activités de lutte contre la traite des êtres humains, y compris pour les opérations du BNLTEH et la mise en œuvre du plan d’action national 2023-2025.
- Institutionnaliser et étendre la formation à la lutte contre la traite des êtres humains pour les fonctionnaires de première ligne sur les indicateurs de la traite, les enquêtes sur la traite centrée sur les victimes et tenant compte des traumatismes, et l’utilisation des procédures opérationnelles standard pour l’identification et l’orientation des victimes vers les services appropriés.
- Renforcer le partenariat entre la police et les procureurs afin de poursuivre plus efficacement les cas de traite des êtres humains, notamment en organisant régulièrement des conférences de cas et une formation sur la collecte de preuves appropriées.
- Mettre en œuvre et appliquer de manière cohérente une réglementation et une surveillance rigoureuses des entreprises de recrutement de main-d’œuvre, notamment en supprimant les frais de recrutement facturés aux travailleurs migrants et en tenant les recruteurs frauduleux pour pénalement responsables.
- Améliorer le système national d’identification, notamment en créant une base de données et des dispositifs anti-fraude, afin de prévenir la traite d’enfants à des fins sexuelles et de réduire la vulnérabilité des travailleurs Malagasy à la traite à l’étranger en raison de la délivrance de documents frauduleux.
- Améliorer la collecte de données à l’échelle nationale sur les efforts de répression de la traite des êtres humains et d’identification des victimes, y compris le partage d’informations entre les agences gouvernementales concernées.
- Mener des campagnes d’information au niveau local pour sensibiliser le public à toutes les formes de traite, en particulier la traite d’enfants à des fins sexuelles dans les destinations touristiques.
POURSUITE
Le gouvernement a diminué les efforts d’application de la loi contre la traite. La loi n°2014-040 a criminalisé la traite à des fins sexuelles et la traite des travailleurs et a prescrit des peines allant de deux à cinq ans d’emprisonnement et une amende de 1 million à 10 millions d’Ariary Malagasy (MGA) (230 à 2 295 $) pour les crimes impliquant une victime adulte, et de cinq à dix ans d’emprisonnement et une amende de 2 millions à 20 millions de MGA (460 à 4 560 $) pour ceux impliquant un enfant victime. Ces sanctions sont suffisamment sévères. Pour les crimes impliquant des enfants, en ce qui concerne la traite à des fins sexuelles, ces peines étaient proportionnelles à celles prévues pour d’autres crimes graves, tels que le viol ; cependant, les infractions impliquant la traite à des fins sexuelles d’adultes n’étaient pas proportionnelles à celles prévues pour d’autres crimes graves.
Le BNLTEH a mis en place une base de données nationale pour la collecte d’informations relatives à la traite ; cependant, tous les ministères concernés n’ont pas régulièrement alimenté la base de données, ce qui fait que les statistiques nationales en matière d’application de la loi restent difficiles à obtenir et à vérifier. Le gouvernement a déclaré avoir enquêté sur 13 cas de traite – trois pour traite à des fins sexuelles et 10 pour des formes non spécifiées de traite – contre 30 enquêtes au cours de la période de référence précédente. Pour la deuxième année consécutive, le gouvernement n’a pas déclaré avoir poursuivi ou condamné les auteurs présumés de la traite. Un média a rapporté qu’un tribunal d’Antananarivo avait ordonné le placement en détention provisoire de trois femmes pour avoir exploité des femmes Malagasy dans le cadre d’une traite à des fins sexuelles en ligne. En 2022, le gouvernement a indiqué que les tribunaux anti-corruption d’Antananarivo et de Mahajanga, dont le mandat incluait auparavant les affaires de traite transnationale ou impliquant des réseaux criminels ou une fraude documentaire, ne jugeaient plus les affaires de traite ; au lieu de cela, toutes les affaires de traite ont été confiées aux tribunaux de première instance. En raison de la longueur des procédures judiciaires et du manque d’assistance aux victimes et aux témoins au cours des procédures pénales, les familles choisissent souvent de régler les conflits – y compris les crimes de traite – par des moyens traditionnels impliquant des paiements informels ou des accords de résolution des conflits connus sous le nom de dinas, sans avoir recours au système judiciaire formel. Des observateurs ont signalé que les victimes hésitaient souvent à porter plainte par crainte de représailles.
Le gouvernement n’a pas fait état d’enquêtes, de poursuites ou de condamnations de fonctionnaires complices de crimes de traite ; cependant, la corruption et la complicité des fonctionnaires dans les crimes de traite sont restées des préoccupations importantes, entravant l’action des forces de l’ordre au cours de l’année. En outre, les procédures stipulant qu’un fonctionnaire ne peuvent être arrêté sans l’autorisation de son supérieur hiérarchique ont empêché de tenir les fonctionnaires complices pour responsables des crimes de traite. Des observateurs ont continué à signaler que des fonctionnaires produisaient de faux documents d’identité utilisés pour faciliter la traite des enfants à des fins sexuelles, en particulier dans les zones touristiques côtières. Des observateurs ont également affirmé que des fonctionnaires continuaient d’aider des ressortissants Malagasy à obtenir des documents de voyage frauduleux afin de contourner l’interdiction de voyager dans certains pays du Moyen-Orient, où les auteurs de traite exploitent les travailleurs Malagasy, décrétée en 2013.
Le gouvernement, en partenariat avec une organisation internationale, a formé un nombre limité d’enquêteurs aux lois contre la traite et l’unité de lutte contre la cybercriminalité aux stratégies d’enquête pour combattre la traite des enfants à des fins sexuelles sur Internet. Le gouvernement n’a pas institutionnalisé la formation à la lutte contre la traite, et certains policiers, agents d’immigration, procureurs et juges n’ont toujours pas une compréhension claire de la traite des êtres humains, ce qui a entravé les efforts d’application de la loi et d’identification des victimes. La coordination et l’échange d’informations entre le bureau du procureur et la police étaient inadéquats et continuaient d’entraver la progression des dossiers. En décembre 2022, le parlement a adopté un projet de loi autorisant la coopération judiciaire avec le gouvernement mauricien pour enquêter et poursuivre les citoyens Malagasy, y compris ceux qui seraient impliqués dans des crimes de traite à Maurice.
PROTECTION
Le gouvernement a poursuivi ses efforts de protection des victimes. En raison d’un manque de coordination de la collecte des données au niveau national, le gouvernement n’a pas communiqué de données complètes. Le gouvernement a déclaré avoir identifié 223 victimes de la traite, contre 72 victimes identifiées au cours de la période précédente. Contrairement aux années précédentes, les autorités n’ont pas réparti les données d’identification des victimes par type de traite ; étant donné la tendance du gouvernement à faire l’amalgame entre la traite des êtres humains et d’autres crimes, ce chiffre peut avoir inclus des victimes de crimes n’impliquant pas le travail forcé ou la traite à des fins sexuelles. Outre les victimes identifiées par le gouvernement, les ONG et les organisations internationales ont déclaré avoir identifié et aidé au moins 1 457 victimes potentielles, en leur fournissant des services, notamment des soins médicaux, une réinsertion sociale, une éducation et une aide au rapatriement pour les ressortissants Malagasy exploités en tant que domestiques à l’étranger. Le gouvernement n’a toujours pas de procédures opérationnelles standard officielles pour identifier de manière proactive les victimes de la traite et les orienter vers des soins ; au lieu de cela, il existe des procédures opérationnelles standard disparates dans différents ministères que les fonctionnaires utilisent à des degrés divers. Les fonctionnaires ont continué à avoir accès à un manuel d’identification et d’orientation des victimes élaboré par une organisation internationale ; toutefois, le gouvernement n’a pas distribué activement le manuel et l’utilisation des procédures est restée minime. Le gouvernement n’a pas procédé à un examen proactif des populations vulnérables, notamment les enfants travailleurs, les femmes exploitées dans le commerce du sexe, les travailleurs migrants Malagasy de retour au pays et les travailleurs étrangers, afin de détecter les indicateurs de traite des êtres humains.
Le gouvernement a fourni une assistance à 178 victimes, contre 37 en 2021. Le Centre Mitsinjo, un centre d’hébergement temporaire pour les victimes adultes rapatriées, a continué à fonctionner avec une capacité d’accueil de 22 personnes ; le gouvernement a aidé 178 victimes de la servitude domestique dans ce centre. Le gouvernement a fourni une assistance consulaire, y compris des documents de voyage, et des services psychosociaux aux travailleurs migrants Malagasy rapatriés des États du Golfe et d’autres pays africains ; toutefois, le gouvernement n’a pas indiqué avoir effectué de dépistage de la traite auprès de cette population. Le ministère de la population, en collaboration avec une organisation internationale, a continué à coordonner environ 700 réseaux de protection de l’enfance à travers le pays pour aider les enfants victimes d’abus, y compris de traite, et garantir l’accès des victimes à des services médicaux et psychologiques. En raison du manque de ressources, seuls 450 réseaux de protection de l’enfance ont fourni une assistance de base par l’intermédiaire des hôpitaux publics et des centres de santé, et la plupart des réseaux ont orienté les victimes vers des organisations internationales et des ONG pour obtenir une assistance supplémentaire. Grâce aux réseaux de protection de l’enfance, une organisation internationale a aidé 1 352 enfants (528 filles et 824 garçons), notamment des victimes d’exploitation sexuelle et des pires formes de travail des enfants, qui constituent toutes deux des délits potentiels de traite d’enfants. Six hôpitaux publics, en partenariat avec une organisation internationale, ont mis en place des centres d’aide aux victimes à guichet unique qui offrent une assistance aux enfants victimes de divers abus, y compris la traite à des fins sexuelles. Les centres d’aide à guichet unique – situés à Antananarivo, Mahajanga, Nosy Be, Toamasina, Tolagnaro et Toliara – offrent aux victimes une assistance médicale et un soutien psychologique par l’intermédiaire de travailleurs sociaux et permettent aux victimes d’accéder à la police pour déposer des plaintes. Le gouvernement a déclaré avoir aidé 1 415 enfants (dont 21 garçons) dans ces centres, mais il n’a pas indiqué avoir vérifié si ces enfants présentaient des indicateurs de traite. Le gouvernement a continué à gérer et à financer le centre Manjary Soa à Antananarivo, qui a accueilli 35 enfants qui avaient été retirés de situations d’exploitation, y compris le travail forcé en tant que domestiques ou vendeurs de rue. Ce centre propose une formation professionnelle ou une réintégration dans le système scolaire public et permet aux victimes de rester au centre pendant une année scolaire. La ville d’Antananarivo a continué à gérer un centre d’urgence pour les enfants victimes de crimes, y compris les victimes de servitude domestique et de mendicité forcée. Le gouvernement de la ville, en partenariat avec une organisation internationale, aurait fourni de la nourriture, un logement, une aide psychologique et médicale, et des services éducatifs aux victimes ; cependant, le gouvernement n’a pas indiqué le nombre de victimes desservies par le centre. Le gouvernement, en partenariat avec une organisation internationale, a géré deux centres spécialisés pour les victimes de violences basées sur le genre, y compris les victimes potentielles de traite. Le ministère de la population, en partenariat avec une organisation internationale, a continué à gérer des programmes de famille d’accueil pour les enfants exploités à Antsiranana et Nosy Be ; le gouvernement n’a pas fourni le nombre d’enfants bénéficiaires du programme pour la quatrième période de rapport consécutive.
En raison de l’absence de procédures d’identification formelles, les autorités peuvent avoir détenu des victimes non identifiées. Au cours des années précédentes, la police a parfois arrêté des enfants victimes de traite à des fins sexuelles sans les examiner ou les identifier en tant que victimes, et a parfois gardé temporairement des victimes potentielles de la traite transnationale par le travail dans des commissariats de police faute d’alternatives d’hébergement. Des observateurs ont signalé que les employeurs poursuivaient souvent d’anciens enfants domestiques pour éviter de payer les salaires accumulés et impayés dans les cas où les victimes avaient signalé leur abus ; bien qu’il ait documenté des cas où des employeurs ont poursuivi des enfants victimes de servitude domestique, le gouvernement n’a pas signalé avoir enquêté sur ces incidents pour des crimes de traite potentiels ou avoir examiné les enfants pour des indicateurs de traite. La loi de 2014 sur la lutte contre la traite des êtres humains exige que les procès pour traite des êtres humains se déroulent à huis clos, avec la possibilité de recourir à la vidéoconférence, afin de garantir la confidentialité et le respect de la vie privée des témoins ; toutefois, la plupart des tribunaux ne disposent pas de l’équipement adéquat pour mettre en œuvre ces procédures. Bien que la loi de 2014 sur la lutte contre la traite des êtres humains permette aux victimes d’obtenir une restitution, pour la neuvième année consécutive, le gouvernement n’a pas mis en œuvre cette disposition. La loi de 2014 sur la lutte contre la traite des êtres humains exigeait que les procès de traite se tiennent en privé, avec une possibilité de vidéo-conférence, afin de préserver la confidentialité et la vie privée du témoin : cependant, la plupart des tribunaux ne disposaient pas d’équipement adéquat pour répondre à ces procédures. Si la loi anti-traite de 2014 donne aux victimes le droit à une réparation, le gouvernement n’a pas appliqué cette disposition pour la neuvième année consécutive. La loi anti-traite de 2014 exigeat que les autorités envisagent des alternatives juridiques pour les victimes étrangères de traite qui estimaient qu’elles risquaient de subir des difficultés ou des représailles si elles étaient renvoyées dans leur pays d’origine.
PREVENTION
Le gouvernement n’a déployé que des efforts minimes pour prévenir la traite des êtres humains. Le BNLTEH, qui relève du bureau du premier ministre, a continué de diriger les efforts nationaux du gouvernement en matière de lutte contre la traite. La loi sur le budget national de 2022 prévoyait un budget dédié de 410 millions MGA (98 625 $) pour les programmes de lutte contre la traite menés par le BNLTEH, soit le même montant que les années précédentes ; cependant, pour la troisième année consécutive, le gouvernement n’a pas déboursé de fonds pour le BNLTEH. Le manque de financement a conduit à l’annulation de la plupart des activités prévues par le BNLTEH. En décembre 2022, le gouvernement, en partenariat avec une organisation internationale, a adopté un PAN anti-traite 2023-2025. En partenariat avec des donateurs privés et des entreprises, le gouvernement a organisé des campagnes de sensibilisation à l’intention du personnel des aéroports et du grand public sur les indicateurs de la traite et le signalement des cas de traite d’enfants. La BNLTEH a mis en place une ligne téléphonique d’urgence pour signaler les cas de traite des êtres humains et a affecté du personnel à la réception des appels ; toutefois, l’appel à la ligne téléphonique d’urgence n’était pas gratuit et sa publicité était limitée. Le BNLTEH a indiqué que la ligne d’assistance n’avait reçu aucun appel, contre 18 appels reçus et deux victimes potentielles identifiées en 2021. En partenariat avec une organisation internationale, la police et les travailleurs sociaux du ministère de la population ont continué à gérer une ligne verte nationale pour signaler les violences contre les enfants, y compris les crimes de traite. Le gouvernement a déclaré avoir identifié 12 victimes de traite à travers cette ligne verte, soit le même nombre que lors de la période du rapport précédent.
Le Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Fonction Publique et des Lois Sociales a continué à superviser le processus de déplacement des travailleurs migrants vers des destinations autorisées en assurant la coordination avec les recruteurs locaux, en exigeant l’approbation des contrats par l’ambassade Malagasy concernée et en sensibilisant les travailleurs migrants à leurs droits et aux risques de traite avant leur départ. Une interdiction prise en 2013 des voyages des travailleurs migrants – vers les pays du Moyen-Orient que le gouvernement considère à haut risque – est restée en vigueur ; cependant, des agences de recrutement illicites ont contourné l’interdiction en envoyant des travailleurs via d’autres pays africains. Pour tenter de résoudre ce problème et d’identifier les agences impliquées dans des recrutements frauduleux, le gouvernement a continué à suspendre la plupart des accréditations existantes pour les agences de recrutement et, par conséquent, à interdire le recrutement de travailleurs pour un emploi dans les États du Golfe ou au Moyen-Orient. Ces interdictions imposées aux travailleurs migrants ont continué à priver les Malagasy de tout moyen légal de se rendre dans les États du Golfe ou au Moyen-Orient pour y travailler et, par conséquent, de tout accès aux mécanismes de protection disponibles dans le cadre d’un voyage autorisé ; ces interdictions ont donc accru leur vulnérabilité face à la traite. La suspension de l’accréditation des agences de placement a conduit les employeurs et les auteurs de traite à cibler de plus en plus les travailleurs migrants à des fins de chantage ou de sollicitation de pots-de-vin pour faciliter les voyages irréguliers vers les États du Golfe ou le Moyen-Orient. Des observateurs ont signalé que les agences de recrutement illicites demandaient souvent aux travailleurs migrants de payer des frais aussi élevés que les six premiers mois de salaire du travailleur pour couvrir les coûts d’embauche et de voyage. En septembre 2022, des représentants du gouvernement, en partenariat avec une organisation internationale, se sont rendus en Jordanie pour contrôler les conditions des travailleurs migrants Malagasy ; le gouvernement a indiqué avoir fourni des documents de sensibilisation et renouvelé les passeports expirés des travailleurs, mais n’a pas déclaré avoir examiné les migrants pour détecter des indicateurs de traite des êtres humains.
Les inspecteurs du travail chargés de superviser les conditions de travail dans le pays n’ont pas reçu de formation adéquate sur les indicateurs de traite et n’ont pas fait état de leurs efforts pour identifier ou signaler aux services répressifs les délits potentiels de traite. Le gouvernement a fait des efforts pour réduire la demande d’actes sexuels commerciaux, y compris le tourisme sexuel impliquant des enfants. Le Ministère du Tourisme, en partenariat avec des organisations internationales, a continué de surveiller l’engagement des quelque 1 000 opérateurs touristiques de 12 régions qui avaient déjà adhéré au code de conduite contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, y compris la traite sexuelle des enfants, dans le secteur du tourisme. En décembre 2022, le Ministère du Tourisme (MOT), en partenariat avec des organisations internationales et des ONG, a rédigé des mises à jour du code de conduite afin de renforcer les exigences des opérateurs touristiques en matière de lutte proactive contre le tourisme sexuel impliquant des enfants. Le MOT a effectué un nombre non communiqué d’inspections de conformité dans les hôtels pour rappeler à ces derniers leur obligation d’afficher dans leurs zones de réception des posters faisant connaître l’interdiction de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, y compris la traite des enfants à des fins sexuelles ; le gouvernement a également maintenu de tels panneaux d’affichage dans les aéroports et sur les sites de construction. Le MOT, en partenariat avec des ONG et un bailleur de fonds international, a continué à diffuser des brochures aux touristes afin de décourager le tourisme sexuel impliquant des enfants et d’indiquer la marche à suivre pour signaler un délit de traite. Le gouvernement n’a pas indiqué avoir dispensé de formation à la lutte contre la traite à ses troupes avant leur déploiement en tant que soldats de la paix. Le gouvernement n’a pas dispensé de formation à la lutte contre la traite des êtres humains à son personnel diplomatique.
LE PROFIL DE LA TRAITE :
Comme indiqué au cours des cinq dernières années, les auteurs de la traite des êtres humains exploitent des victimes nationales et étrangères à Madagascar, ainsi que les victimes Malagasy à l’étranger. Les auteurs de ces traites exploitent les enfants Malagasy, pour la plupart issus des régions rurales et côtières et des familles pauvres des zones urbaines, dans le cadre de la traite des enfants à des fins sexuelles et de la traite par le travail domestique dans les maisons et les entreprises, l’exploitation minière, la vente dans la rue, l’agriculture, les usines textiles et la pêche dans tout le pays. Les auteurs de traite obligent les enfants, y compris ceux en situation handicap, à mendier pendant de longues heures et dans des conditions dangereuses, souvent sur l’ordre de leurs parents. La plupart des traites d’enfants à des fins sexuelles ont lieu dans les destinations touristiques, les villes, les régions de culture de la vanille et autour des sites miniers formels et informels, avec l’implication et l’encouragement des membres de la famille. Les opérateurs touristiques, les employés d’hôtel, les chauffeurs de taxi, les propriétaires de salons de massage et les adultes locaux impliqués dans le commerce du sexe facilitent également la traite des enfants à des fins sexuelles. Les autuersde traite continuent d’exploiter des filles et des garçons âgés d’à peine 12 ans dans le cadre du tourisme sexuel impliquant des enfants dans les zones côtières et les grandes villes, telles qu’Antananarivo, Antsirabe, Fianarantsoa, Mahajanga, Manakara, Nosy Be, Toamasina, Toliara et Tolagnaro, souvent ouvertement dans des bars, des boîtes de nuit, des salons de massage, des hôtels et des domiciles privés. Les hommes Malagasy exploitent la majorité des enfants victimes de la traite à des fins sexuelles ; cependant, les touristes étrangers, historiquement de France et d’Italie, et, dans une moindre mesure, d’autres pays d’Europe occidentale et des Comores, exploitent les enfants dans le cadre de la traite à des fins sexuelles. Les parents encouragent souvent les filles, dès l’âge de 15 ans, à devenir financièrement indépendantes en sortant avec, en épousant ou en se livrant à des activités sexuelles tarifées avec des touristes étrangers ; les auteurs de la traite profitent de cette norme culturelle pour exploiter les filles dans le cadre de la traite des enfants à des fins sexuelles. Les auteurs de traite continuent d’abuser des pratiques traditionnelles de mariage arrangé, d’achat de fiancées et de marchés de filles pour exploiter les filles dans le cadre de la traite des enfants à des fins sexuelles. Des fonctionnaires seraient complices de la falsification des cartes d’identité nationales et des certificats de naissance des filles, qui les présentent comme des adultes ; les auteurs de traite utilisent ensuite les documents falsifiés pour faciliter la traite des enfants à des fins sexuelles à Madagascar. Depuis la pandémie, les auteurs de la traite sexuelle exploitent de plus en plus les femmes et les enfants en ligne. Ces derniers attirent les femmes et les filles des provinces rurales à Antananarivo en leur promettant un emploi, souvent par le biais de fausses annonces d’emploi sur les médias sociaux, mais les forcent ensuite à se livrer à des actes sexuels en ligne pour des clients étrangers. Des auteurs de traite utilisent parfois des lieux centralisés connus sous le nom de “centres d’appel” pour exploiter simultanément plusieurs femmes et filles en ligne et changent régulièrement les lieux des “centres d’appel” pour éviter d’être repérés par les forces de l’ordre. Les ONG signalent que le changement climatique, y compris les catastrophes soudaines telles que les cyclones et les événements à évolution lente tels que la sécheresse et la hausse des températures, a accru la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la perte de travail dans le sud de Madagascar ; les familles dans ces situations vulnérables peuvent exploiter leurs enfants dans la servitude domestique ou la traite sexuelle pour compléter les revenus perdus. La traite des travailleurs a persisté dans les jugements de dina, principalement dans les travaux agricoles. Les autorités affirment que les chefs de village du nord-ouest de Madagascar obligent les hommes âgés de 18 à 45 ans à rejoindre les groupes d’autodéfense locaux qui luttent contre le banditisme dans les villages.
De nombreuses femmes Malagasy sont employées comme domestiques en RPC, au Liban, au Koweït et en Arabie Saoudite, et des sources médiatiques rapportent que des agences de placement informelles contournent l’interdiction de 2013 d’envoyer des travailleurs au Moyen-Orient en les acheminant via les Comores, l’Éthiopie, le Kenya, l’île Maurice et les Seychelles en utilisant des visas touristiques légitimes pour éviter de déclarer les voyageurs comme des travailleurs migrants. Des fonctionnaires des zones rurales seraient complices en fournissant des documents falsifiés pour faciliter le recrutement illicite de femmes Malagasy pour travailler dans les pays du Golfe ; les personnes embauchées dans des conditions frauduleuses sont vulnérables à la traite des travailleurs pendant le voyage et une fois arrivées à destination. Des rapports indiquent que les auteurs de traite et les employeurs exploitent les travailleurs Malagasy dans les États du Golfe et au Moyen-Orient, en particulier au Liban, en les réduisant à la servitude domestique et en recourant à diverses formes d’abus, telles que la violence physique, la retenue du salaire et la confiscation du passeport. Des auteurs de traite, qui agissent en tant qu’agents de recrutement de main-d’œuvre, envoient des femmes Malagasy en RPC avec des cartes d’identité falsifiées, où elles sont exploitées dans le cadre de travail forcé dans l’agriculture ou dans la servitude domestique. Les auteurs de traite et les employeurs peuvent exploiter les hommes Malagasy en les soumettant au travail forcé dans les secteurs des services et de la construction au Moyen-Orient et en les soumettant à la servitude domestique en RPC. Les ressortissants de la RPC employés à Madagascar sur des chantiers affiliés à l’Initiative « Belt and Road » de la RPC sont vulnérables au travail forcé, en particulier dans le secteur de la construction.