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Journaliste : Qu’est-ce qui motive l’intérêt américain pour l’environnement, notamment dans la région Atsimo-Andrefana ?
Ambassadrice Pierangelo : Eh bien, vous savez, dans le monde, nous n’avons qu’un seul environnement. La terre est importante car elle est rapidement déboisée et vous perdez des ressources qui ont également un impact énorme sur l’eau et la sécurité de l’eau. Si vous coupez la forêt, vous perdez aussi l’eau… et vous perdez la diversité des espèces d’animaux, de plantes et d’insectes qui sont essentielles à la santé de ce pays et de ses habitants. Quant aux ressources marines, elles sont encore plus menacées. Il est si facile de perdre ou de détruire ses ressources, ses protecteurs, ses récifs coralliens, ce qui rend le pays plus vulnérable à la pauvreté, bien sûr, mais aussi aux intempéries. Ainsi, lorsque le gouvernement américain met en œuvre des projets à Madagascar, il se concentre toujours sur trois éléments principaux :
- la réduction de la pauvreté avec les communautés,
- et par le biais d’une coopération avec le secteur privé, avec les entreprises qui travaillent avec nous, le deuxième est l’introduction de bonnes pratiques, que ce soit dans le domaine agricole ou maritime ; enseigner aux agriculteurs et aux pêcheurs les bonnes pratiques, comment faire mieux ;
- l’objectif ultime étant le troisième, à savoir la création de connaissances et d’un engagement au sein des communautés pour qu’elles se fassent les défenseurs de la préservation de l’environnement.
Dans les régions où nous travaillons, nous avons obtenu de grands succès parce que les communautés ont appris. Elles voient que de meilleures pratiques signifient une meilleure agriculture, de meilleures pratiques maritimes et de meilleurs revenus pour leurs familles. Mais ce qui fait parfois défaut, c’est l’engagement des autorités gouvernementales de niveau intermédiaire à soutenir pleinement ces villages dans la mise en œuvre de nouvelles et meilleures pratiques. Et même si, à un niveau plus élevé, il y a un engagement général en faveur de la conservation et de la réduction de la pauvreté, il s’agit de faire passer cet engagement à tous les niveaux, ce qui est le défi de Madagascar. Il s’agit donc d’un soutien à ce que nous considérons comme un investissement de bonne qualité qui investit dans la communauté mais aussi dans une opération commerciale et pas seulement… des intermédiaires qui viennent de l’extérieur et qui cherchent juste à acheter. Ils ne cherchent pas à investir, ils ne cherchent pas à aider, ils cherchent seulement à acheter et à partir. Et ils ne se soucient pas de ce qui se passe dans vos communautés.
Journaliste : Quel type d’engagement attendez-vous des intermédiaires ?
Ambassadrice Pierangelo : L’avenir de Madagascar pourrait être extraordinaire… si …. le gouvernement et les autorités s’engagent à soutenir l’ordre public, les investissements de qualité… et à éradiquer la corruption et les trafics dans cette région.
Comme le Gouverneur me l’a dit, vous avez le plus long littoral de toutes les régions de Madagascar. Et elle est idéale en de nombreux endroits pour ce type d’aquaculture : algues, concombres, peut-être d’autres choses … le crabe par exemple. Mais cela doit être fait d’une manière vraiment systématique et de qualité, en investissant dans la communauté. Et si l’on procède ainsi, il n’y a pas, je veux dire qu’il n’y a pratiquement pas de limite à ce que l’on peut produire dans cette région. La récolte de concombres de mer dans la nature ou même la récolte d’algues dans la nature sans aucun plan va tout épuiser. Il n’y a presque plus de concombre de mer dans la nature. Vous savez que c’est un vrai problème. L’agriculture raisonnée organisée permet non seulement aux agriculteurs de gagner de l’argent, mais aussi de réapprovisionner le monde naturel et de rendre certains de ces animaux à la nature.
Beaucoup d’autres pays ont réussi dans le domaine de l’agriculture et il n’y a pas de raison que Madagascar n’y parvienne pas. Encore une fois, il s’agit d’un engagement. Les gens ne peuvent pas venir et investir, puis se faire voler leurs investissements et faire l’objet d’un trafic. Il doit y avoir un soutien à tous les niveaux pour soutenir ces projets et ces investissements afin qu’ils puissent se développer et qu’il y ait davantage de possibilités.
Mais s’il n’y a pas de protection de ces investissements ou de ces agriculteurs dans ces communautés – parce que ce vol se produit contre des personnes, des Malagasys – s’il n’y a pas de protection de ces agriculteurs et de leurs investissements, alors vous n’obtiendrez pas plus d’investissements.
Je pense donc que les gens se disent parfois que c’est quelqu’un d’autre, que c’est un projet étranger, que c’est un investisseur étranger, et qu’ils se fichent donc de savoir si quelqu’un les vole. Mais ce n’est pas le cas. Ce sont des agriculteurs, des Malagasy, des gens qui vont travailler tous les jours pour récolter ces algues ou pour s’occuper de ces concombres de mer ou de tout autre produit. Et l’idée que l’on puisse les voler n’est vraiment pas acceptable.
Journaliste : Maintenant que vous avez vu la réalité de la région d’Atsimo-Andrefana, quelle sera la prochaine étape ? Ou n’était-ce qu’un voyage pour un voyage ?
Ambassadrice Pierangelo : Non, parce que nous sommes présents, nous avons des projets à travers l’USAID et le Département d’État Américain où nous soutenons différentes parties de cette économie bleue, donc cela continuera. Et ce que j’ai appris au cours de ce voyage et ce que j’ai vu de mes propres yeux, cela m’aidera lorsque je parlerai aux autorités nationales de la manière de créer de bonnes politiques environnementales et de s’assurer que nous pouvons les aider à mettre en œuvre ces politiques. Mais c’est tout ce que nous pouvons faire pour aider Madagascar dans les domaines que le gouvernement juge importants, et nous avons maintenant quelques idées sur la manière de les aider à les façonner. Nous les aidons parce que je suis convaincu de l’engagement que nous avons dans ce domaine envers Madagascar. Nous finançons des projets d’assistance et cet argent vient du peuple américain : de sa part, de ma part, de la part de tout le peuple Américain vers le peuple Malagasy. Nous voulons donc nous assurer que ce don, cet investissement, est utilisé au mieux et qu’il est soutenu par le gouvernement.